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Rencontre avec Christophe Barbier, Directeur de la rédaction de l'Express

Directeur de la rédaction de l'Express depuis 2006, Christophe Barbier était cette année le parrain de la 9ème promotion de l'EFJ. A l'occasion de la remise des diplômes, il revient sur l'avenir d'une profession en pleine mutation.

Quelles sont, selon-vous, les qualités que doit posséder un jeune journaliste ?

La curiosité est la première des qualités d'un journaliste; il reste vivant tant qu'il est curieux. C'est une donnée de base comme il faut être grand pour jouer au basket. Il faut sans cesse s'émerveiller, porter à chaque fois un regard d'enfant sur ce qui se passe. Il faut la garder bien aiguisée car tout ce qui est autour de nous conspire à nous faire entrer dans l'idée de déjà-vu, de banalité.

Mais ce n'est pas suffisant. La rigueur est également essentielle, c'est à dire que l'on doit être capable de mettre en pratique ce que l'on a appris, en respectant des règles. Ne pas l'être assez peut conduire à se faire « enfumer », à se faire tromper par des sources. Il faut déjouer les pièges lancés par les interlocuteurs car il existe toujours un double langage.

La troisième qualité indispensable est l'indépendance. Quoique l'on écrive, un journaliste ne doit pas servir d'autres intérêts que ceux du lecteur, de l'auditeur et du téléspectateur. Il faut rester indépendant de tout ce qui fait notre subjectivité, bien que l'on ne puisse pas rester totalement objectif. La subjectivité doit rester désintéressée.

Quel est l'avenir du journalisme, selon vous ?

Je pense que le journalisme a un grand avenir car nous entrons dans un monde tellement troublé, complexe et dangereux que les citoyens vont avoir besoin de plus en plus d'être informés et formés. Or la formation que l'on reçoit quand on est jeune est vite obsolète, l'information est importante tout au long de sa vie pour comprendre le monde. La difficulté est de trouver des modèles économiques viables dans cette nécessité du journalisme. La crise n'est pas éternelle, à l'avenir, des groupes de médias puissants et prospères seront là pour embaucher des journalistes et les faire travailler correctement. En ce moment en France, les conditions de travail de la plupart des rédactions sont inférieures à ce qu'elles devraient être pour que les journalistes aient l'esprit complétement libre. Leur travail est donc un peu contaminé par l'angoisse économique.

Quels sont les enseignements essentiels que doivent inculquer les écoles de journalisme à leurs étudiants ?

Depuis le passage au monde du pluri-média, les écoles de journalisme ne peuvent plus faire l'impasse sur un média. Elles doivent former les étudiants à tous les outils médiatiques. Il faut réussir à donner dans l'enseignement une réalité pluri-médias. Mais il ne s'agit pas d'être bon en tout et propre à rien. Il faut être spécialiste, tout en étant polyvalent. Ce n'est pas seulement une exigence économique, c'est une nécessité pour regarder l'actualité. Selon l'actualité en effet, on utilisera des outils différents : ce peut-être un documentaire dans six mois ou un bref article ce soir sur internet.

Propos recueillis par Maëlle Auriol.

 

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